Pourquoi le ravintsara et l’eucalyptus ne sont pas les huiles essentielles « à tout faire » de l’hiver !

Combien de fois nous arrive t-il d’entendre lors de la période hivernale : « Oh tu es malade ? Fais donc une inhalation avec de l’huile essentielle d’eucalyptus !«  ou alors « Prends une goutte de ravintsara sur un sucre, tu verras c’est radical ! »

…Euh… Si l’aromathérapie était aussi simple, on ne trouverait sûrement pas autant d’études, de livres ou encore de formations à ce sujet !

Si vous entendez cela, un seul conseil : fuyez !

Qu’entend-on vraiment sous le mot « malade » dans ces phrases ? Juste le nez qui coule ? De la température ? La gorge prise ? Une toux sèche ? Grasse ?

Seul un docteur en médecine a la capacité et le droit d’établir un diagnostic. Toutefois, lorsqu’il s’agit de notre propre santé, en se basant sur notre vécu et notre expérience, nous pouvons reconnaître quelques symptômes. L’utilisation d’huiles essentielles pourra ainsi enrayer la propagation d’un virus ou d’une bactérie, sous condition qu’elles soient choisies de manière adéquate.

Attention, l’objectif de cet article n’est sûrement pas de délivrer une formation complète au sujet de l’utilisation des huiles essentielles sur le système immunitaire mais juste de vous éviter quelques erreurs qui pourraient aggraver votre cas, plutôt que de l’améliorer.

Pour mieux comprendre et choisir vos huiles essentielles en hiver, je vais vous décrire trois « familles » d’huiles essentielles ainsi que les situations dans lesquelles il faut les utiliser…ou pas !

💦 Dans la famille des Oxydes, je demande le 1.8 cinéole

Les actions principales des huiles essentielles contenant cette molécule en grand nombre : dégager les voies respiratoires, moduler le système immunitaire, lutter contre les virus.

🍃 Eucalyptus radié, globulus, smithii, ravintsara, cajeput, romarin à cinéole, saro ou niaouli entre autres.

Une des principales précautions lorsqu’on s’apprête à utiliser une de ces huiles essentielles chargée en 1.8 cinéole (prononcer « un huit cinéole » pour les initiés :P), est de s’assurer qu’on ne souffre pas d’une toux sèche. La toux sèche est provoquée par une irritation au niveau des voies respiratoires, elle est fatigante, et même souvent douloureuse : plus on tousse, plus on irrite les voies respiratoires, ce qui favorise la toux. Un véritable cercle vicieux en somme.

Non, le ravonstsara n'est pas l'huile essentielle incontournable de l'hiver

Le 1.8 cinéole étant extrêmement asséchant, le risque de l’utiliser sur une toux sèche serait d’aggraver la situation ! Et pourtant en hiver, les toux dites grasses ne sont pas les plus fréquentes… Oubliez donc les inhalations à base d’eucalyptus, ravintsara, romarin à cinéole et toute autre huile essentielle chargée de cette molécule en cas de toux sèche ou gorge qui gratte sans présence de mucus.

Par contre, sur une toux dite « productive » où l’on sent et entend que les mucus et les glaires essaient d’être évacués par la toux, l‘utilisation d’un eucalyptus (globulus, radié, smithii) ou d’un ravintsara prend tout son sens, à vous les inhalations !

Contre-indications et précautions d’emploi d’huiles essentielles contenant majoritairement du 1.8 cinéole, soit les eucalyptus globulus, radié et smithii, le ravintsara, le cajeput, le romarin à cinéole, le saro ou le niaouli  par exemple : ne pas utiliser sur les enfants de moins de 8 ans, les femmes enceintes, attention aux asthmatiques chez qui elle pourrait déclencher une crise, et vous l’aurez compris, attention à son côté asséchant.

Oui mais du coup, je prends quoi pour mon début de « crève », ou pour ma toux sèche ?

💦 Quelles huiles essentielles pour une toux sèche, pour décongestionner, et redonner du tonus ?

Les huiles essentielles de la famille des monoterpènes, et plus précisément issues des conifères sont idéales pour soigner une toux sèche, décongestionner un nez bouché, et donner un coup de boost à notre organisme.

🌲Le pin sylvestre, le cyprès toujours vert, le genévrier, le lentisque pistachier…

Ces huiles essentielles sont une parfaite alternative aux plus connus ravintsara ou eucalyptus, lorsqu’on a un début de « crève » : nez qui coule, toussotements, fatigue générale… Non asséchantes et pourtant dégageant très bien les voies respiratoires, on les choisira lors de toux sèches ou mal à la gorge.

Le pin sylvestre contre la toux sèche en hiver

On pourra ainsi les appliquer diluées à 20% d’huile essentielle dans 80% d’huile végétale de votre choix en massage sur le thorax ou le haut du dos.

💧 Conseil aroma :

2 gouttes d’huile essentielle de pin sylvestre dans 1 c. à soupe d’huile végétale (noyau d’abricot, jojoba, argan, olive, tournesol…). A masser 2 à 3x par jour. Ou alors, encore plus simple : en olfaction directement au flacon, autant de fois que nécessaire. 

Contre-indications et précautions d’emploi d’huiles essentielles contenant majoritairement des monoterpènes : interdites aux asthmatiques, aux enfants de moins de 36 mois. Précautions avec les personnes ayant des allergies respiratoires. Ne pas utiliser sur des asthénies (fatigues profondes et durables). 

💦 Des huiles essentielles extrêmement douces celles de la famille des monoterpénols

Les monoterpénols, bien que très doux, sont pourtant très efficaces contre les virus et booster le système immunitaire.

🌱 L’huile essentielle de bois de hô, bois de rose, palmarosa, thym à linalol, coriandre, et dans une moindre mesure le géranium ou le tea tree. 

Ces huiles essentielles sont « passe-partout » en hiver et le bois de hô par exemple convient aussi bien pour les grands que pour les plus petits ! L’idéal avec les huiles essentielles de cette famille, est de les appliquer dès les premiers signes : gorge qui chatouille, fatigue, nez qui commence à couler. C’est à ce moment qu’elles seront le plus efficaces. Pour ma part, j’ai toujours une huile essentielle de bois de hô sur moi, en particulier si je suis amenée à prendre les transports en commun.

l'huile essentielle de bois de hô, monoterpénol, anti-virale

Pour booster vos défenses immunitaires et éviter qu’un virus ne s’installe, la méthode la plus efficace est d’utiliser ces huiles essentielles pures car elles pénètrent directement dans le sang, ont une action immédiate sur votre corps et soutiennent vos défenses immunitaires.

Attention toutefois ! Il existe très peu d’huiles essentielles pouvant être utilisées pures sur la peau ! Ne faites pas d’essais à la maison.

Les huiles essentielles à majorité de monoterpénols peuvent la plupart du temps être utilisées pures sur la peau : l’huile essentielle de bois de hô, celle de bois de rose, le palmarosa, thym à linalol, géranium ou tea tree.

💧 Conseil aroma :

dès les premiers signes grippaux, appliquez 2 gouttes d’huile essentielle de bois de hô sur les poignets toutes les 30 minutes. Renouvelez jusqu’à 7 fois par jour, pendant 7 jours maximum.

Contre-indications pour la famille des monoterpénols : interdit pour les femmes enceintes de moins de 3 mois. Attention au géraniol (palmarosa, géranium…) qui est interdit pour les femmes enceintes, enfants et antécédents de cancers hormono- dépendants.

Important : référez-vous aux fiches techniques individuelles de chaque huile essentielle avant emploi. Cet article ne se substitue en aucun cas à une consultation médicale.

Il se peut qu’une huile essentielle comme celle de palmarosa contienne une majorité de monoterpénols doux et avec très peu de contre-indications. En revanche, d’autres molécules auront des restrictions d’utilisation bien plus strictes. La logique de raisonnement par « famille biochimique » comme je l’ai faite dans cet article nécessite de vérifier la composition exacte de chaque huile. Des livres spécialisés les répertorient et quelques biochimies sont également disponible dans l’aromathèque du le site de Pierre Franchomme.

Notez aussi qu’il ne faut pas utiliser d’huiles essentielles à majorité de monoterpènes (pin sylvestre, cyprès…) ou à majorité de 1.8 cinéole (eucalyptus, ravintsara) pures sur la peau. Ces dernières peuvent être irritantes à l’état pur et provoquer des réactions.

🍀 Le mot de la fin 

Je vous remercie d’avoir lu jusqu’ici 🙂 Si vous souhaitez aller plus loin, faites face à une grippe carabinée ou un autre souci sur lequel vous souhaitez employer les huiles essentielles, n’hésitez pas à me contacter. Je propose des consultations personnalisées en aromathérapie.

A très vite je l’espère, vous pouvez aussi retrouver mes conseils sur Instagram  et/ou Facebook. Et pour ceux qui n’en ont toujours pas assez, je vous ai mis juste en dessous quelques extraits de biochimie des 3 familles d’huiles essentielles dont on vient de parler 😉

Sophie Jozwik, Naturopathe à Valence

Exemple de composition de l’huile essentielle d’Eucalyptus Globulus :

  • Oxydes terp. : 1,8-cinéole (70-75 %)
  • Monoterpènes : (+)-α-pinène (10-12 %), β-pinène (0,1 %)
  • Sesquiterpènes : (+)-aromadendrène (6,5 %), (-)-allo-aromadendrène (1,7 %), δ-guaïazulène
  • Alcools aliph. et monoterp. : (-)-transpinocarvéol (0,2 %)
  • Sesquiterpénols : (-)-globulol (5,9-6,3 %), lédol (1,5-1,9 %)
  • Monoterpénones : (-)-pinocarvone, carvone (0,1 %)
  • Aldéhydes : butyrald., valérald., caproald.

Exemple de composition de l’huile essentielle de Pin Sylvestre :

  • Monoterpènes (% élevé) : (-)- et (+)-α et (-)-β-pinènes (40 et 13 %), (-)-limonène (25-30 %)
  • Sesquiterpènes : longifolène
  • Monoterpénols : bornéol (2 %)
  • Sesquiterpénols : α-cadinol
  • Esters terp. : acétate de bornyle (1-4,5 % et jusqu’à 10 %)

Exemple de composition de l’huile essentielle de Bois de Rose :

  • Monoterpénols: (+) et (-)-linalol (95 %)

Note : l’huile essentielle de bois de hô a une composition quasi similaire à celle de bois de rose.

(Liste des principes actifs extraits du site de Pierre Franchomme, que je vous encourage à consulter si vous ne possédez pas de livre d’aromathérapie qui détaille les familles biochimiques)