Perte d’odorat : les huiles essentielles accompagnent la rééducation olfactive

L’anosmie est la perte de l’odorat : elle concerne de plus en plus de personnes, notamment suite à une infection respiratoire. Bonne nouvelle : une rééducation olfactive est souvent possible !

L’odorat est un sens que nous considérons comme « acquis » et peu mis en avant dans notre société. Nos autres sens comme la vue sont bien plus exploités : télévision, lecture ou même panneaux publicitaires. L’ouïe avec la musique, la radio, les échanges verbaux. Toutefois, lorsqu’il s’agit de l’odorat nous manquons même de vocabulaire pour décrire les odeurs : « tu sais ça sent un peu comme… euh… quelque chose de sucré ! »


Et pour cause, l’odorat est un sens peu stimulé dès notre plus jeune âge, alors que c’est à ce moment même que s’ancrent les premiers souvenirs et les associations entre senteurs et souvenirs. C’est la fameuse madeleine de Proust !

Comment fonctionne l’odorat ? Les huiles essentielles pour éveiller nos souvenirs

Le fonctionnement entre odeurs et souvenirs est simple : lorsque vous sentez une odeur, lorsque vous ouvrez un flacon d’huile essentielle par exemple, les molécules aromatiques volatiles vont pénétrer la cavité nasale et se fixer sur vos récepteurs olfactifs. Le message chimique est transmis au niveau du bulbe olfactif qui est directement relié au cerveau limbique : le siège de nos souvenirs et de nos émotions.

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L’odorat est aussi un sens repère pour deux notions clés : le danger et le plaisir.

Le danger car l’odorat est un sens permettant initialement d’assurer notre survie en évitant l’empoisonnement. Avant de gouter un aliment, l’Homme l’a depuis toujours senti afin de s’assurer de sa fraicheur, et d’éviter tout poison. Nous avons gardé ce réflexe de nos jours : lorsqu’un aliment est dans notre réfrigérateur depuis plusieurs jours, que faisons-nous ? Nous le sentons tout simplement. Si l’odeur nous semble changée, suspecte (sans encore une fois trouver le vocabulaire adéquat pour la décrire), nous ne le consommerons pas.

L’odorat éveille aussi en nous des notions de plaisir, il permet notamment d’activer la salivation et sécrétion d’enzymes digestive à l’approche d’une odeur alléchante : le pain fraichement sorti du four par exemple.

Malgré le fait que l’odorat soit souvent négligé, sa perte soudaine mène à une réelle désorientation : manque de perception du danger, perte de plaisir, de mémoire, isolement, voire même dépression.

Comment fonctionne la rééducation olfactive avec les huiles essentielles ?

Afin d’accélérer la récupération de l’odorat, il est conseillé de s’exposer quotidiennement à des odeurs d’huiles essentielles. La répétition aux senteurs favorise la multiplication des neurones et les connexions entre eux. Elle ravive par ailleurs vos souvenirs personnels.

Il s’agit toutefois d’un travail de longue haleine : comptez 4 à 8 mois (voire 12 mois pour les cas les plus sévères) de rééducation.

Les études portant sur le sujet sont nombreuses, elles portent généralement sur l’utilisation de quatre senteurs :

  • La rose
  • Le citron
  • L’eucalyptus (sans précision, je vous préconise ici l’eucalyptus radié)
  • Le clou de girofle

Il s’agit ici d’une première approche. Un accompagnement global en rééducation olfactive auprès d’un spécialiste permettra d’adapter l’approche en fonction de votre cas.


Le protocole est le suivant :

  • Matin et soir : sentez chaque huile essentielle pendant 10 secondes
  • Faites une pause de 10 secondes minimum entre chaque huile essentielle
  • Notez sur une échelle de 1 à 3 votre perception et identification :
    • 1 = j’ai perçu l’odeur et je l’ai correctement identifiée
    • 2 = j’ai perçu quelque chose mais je n’ai pas identifié l’odeur
    • 3 = je n’ai rien perçu, je n’ai rien identifié

Mon approche de la rééducation olfactive avec les huiles essentielles

Basée sur les études menées sur le sujet de l’anosmie et l’expérience terrain, je module les senteurs en fonction des cas. Je vous liste quelques exemples ci-dessous.

Menthe poivrée ou eucalyptus : en première intention pour décongestionner

Je propose fréquemment en première intention l’huile essentielle de menthe poivrée avec, ou à la place de l’eucalyptus. La menthe poivrée a aussi une action décongestionnante des voies respiratoires, une action anti-inflammatoire et vient stimuler nos récepteurs sensoriels au froid (les TRPM8). La menthe poivrée et l’eucalyptus sont des huiles essentielles respiratoires très puissantes et sont les premières à être perçues par les sujets souffrant de perte d’odorat.

Rose ou géranium rosat : régénérer l’épithélium olfactif

Ensuite, à la place de la Rose, je choisis fréquemment l’huile essentielle de géranium rosat dans laquelle nous retrouvons ces notes de rose avec une meilleure intensité. Elle permet aussi grâce à ses molécules biochimiques de régénérer l’épithélium olfactif, indispensable pour capter les senteurs.

Les agrumes : des notes de tête pour venir raviver les senteurs plus subtiles

Dans un troisième temps, les notes d’agrumes, plus subtiles car plus légères, viennent compléter l’approche : citron, ou orange, ou mandarine rouge, ou bergamote, ou cédrat… Par ailleurs, leur action anti-virale sera un réel atout en cas d’infection virale.

La vanille ou le benjoin : pour restimuler les connexions neuronales les plus anciennes

Certaines études font aussi appel à la vanille et sa molécule de vanilline. Cette senteur est ancrée et mémorisée dès notre plus jeune âge. Je choisis le benjoin qui contient aussi ces notes de vanilline, très proches de molécules présentes dans le lait maternel. Cette mémoire très lointaine, permet de restimuler et réenclencher d’anciennes connexions neuronales.


Notre odorat fait appel à une palette de senteurs très large, il est donc primordial de venir stimuler un maximum de notes afin de reconstituer l’épithélium olfactif et surtout venir raviver les connexions neuronales associées à ces senteurs. D’autres senteurs peuvent ainsi être envisagées au cas par cas.

Le stick olfactif pour accompagner la rééducation olfactive

Le support utilisé est un stick olfactif, très pratique et simple d’emploi. Il suffit d’imprégner la mèche en coton d’une dizaine de gouttes de l’huile essentielle choisie. Il suffit ensuite de sentir ce stick, matin et soir pendant 10 secondes. L’odeur persiste jusqu’à 3 mois sur un stick olfactif. Dans le cadre d’une rééducation olfactive, il est recommandé de raviver l’odeur en remettant des gouttes sur la mèche en coton au minimum une fois par mois.
Les sticks olfactifs sont fournis lors de la consultation, tout comme le tableau de suivi permettant de noter votre progression mois par mois avec la perception et l’identification des senteurs.

La naturopathie pour accélérer les protocoles de rééducation olfactive

Enfin, en tant que naturopathe, je conseille pour compléter cette approche et accélérer la récupération, des compléments alimentaires et conseils d’hygiène de vie. Il est primordial de mettre toutes les chances de votre côté dans les situations d’anosmie et certaines carences peuvent ralentir la récupération. Un bilan est effectué lors de la consultation.

Essentiellement,

Sophie Jozwik

Naturopathe spécialiste en aromathérapie

1 rue Madier de Montjau
26000 Valence

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